Mise en perspective des impacts écologiques du numérique - la suite
En novembre dernier j’avais, avec trois graphiques, mis en perspective la taille des données de quelques services numériques, et les émissions de GES de la vidéo en ligne par rapport à quelques autres actions et objets du quotidien.
L’objectif était de démonter des idées reçues (il faut supprimer ses emails, la vidéo est une catastrophe…), et de bien montrer, graphiquement, que l’essentiel de l’impact du numérique est à la fabrication des appareils.
J’ai depuis poursuivi cette démarche avec deux autres indicateurs environnementaux : l’empreinte en eau et l’empreinte en matières premières.
Eau
Voici donc un graphique montrant les empreintes d’un smartphone et d’un an de vidéo, à coté de celles d’un jean ou encore d’une voiture :
Les données viennent du site watercalculator.org. Je ne sais pas si c’est la meilleure source mais les chiffres sont cohérents avec d’autres que j’ai trouvé ailleurs.
On peut voir que produire un smartphone de quelque centaines de grammes nécessite plus d’eau qu’un jean en coton (donc une plante qu’on arrose, puis dont on lave les fibres, etc…), et seulement 6 fois moins qu’une voiture de plusieurs centaines de kilos!
On note aussi que malgré l’impact en eau plus fort en France de la production d’électricité par rapport à d’autres pays du fait de notre mix électrique centré sur le nucléaire et l’hydraulique, il faut beaucoup d’heures d’usage de numérique pour rattraper la fabrication d’un appareil.
Autres matières premières
Voici également, à partir des données de l’ADEME, l’empreinte en matières premières, hors eau, de quelques produits. Cette empreinte se quantifie avec le MIPS, Material Input per Service Unit, une unité qui somme le poids de tout ce qui a été utilisé (ressources renouvelables et non renouvelables , eau, air, sol, …).
Attention : Je n’ai pas représenté le poids directement mais le ratio entre le poids du produit fini et la matière nécessaire à le produire. Ainsi un smarphone, qui nécessite 221kg de matières premières pour ses 300g, soit un ratio de 736 pour 1, est représenté beaucoup plus gros qu’une table qui a un ratio d’à peu près 2 pour 1.
Cet écart vient entres autres de la grande diversité des matériaux utilisés et de la complexité d’extraire certains d’entre eux du minerai de base. Il faut par exemple (et là je cite « La guerre des métaux rares » de Guillaume Pitron) purifier 5,5T de roche pour produire un kilo de vanadium, 16T pour un kg de cérium, 50T pour du gallium, 1200T pour du lutécium. Tout cela nécessite de plus de l’énergie et de l’eau.
Conclusion
La conclusion ne change pas : la grosse bonne action écologique en numérique est de faire durer le plus longtemps possible les appareils et d’éviter d’acheter des gadgets.